Certaines tables rondes roulent toutes seules. Les intervenant·es se connaissent, les idées fusent, et la discussion s’installe naturellement. On sort de là en se disant : “C’était fluide, vivant, on aurait pu continuer encore une heure.” Et puis il y a les autres. Celles où chacun·e regarde son micro, hésite à parler, ou déroule son discours préparé sans écouter les autres. Dans ces moments-là, on sent bien qu’il manque un ingrédient essentiel : la conversation. C’est là que le rôle de l’animateur·rice prend tout son sens.
Quand j’accompagne des équipes ou que j’observe des tables rondes, j’ai repéré trois manières de les animer. Elles ne sont pas “bonnes” ou “mauvaises” : elles traduisent simplement un niveau d’aisance et de préparation différent.
3 façons d’animer une table ronde
1. Le format linéaire
C’est le format le plus courant : une question, un tour de table, chacun s’exprime à son tour. C’est carré, personne n’est pris·e au dépourvu, mais on reste souvent à la surface. Le public a l’impression d’assister à une série de mini-monologues plutôt qu’à un échange. Ce format fonctionne quand les intervenant·es ne se connaissent pas encore ou qu’ils ont des points de vue très distincts.
2. Le format “tissé” pour créer de la résonance
Ici, l’animateur ou la facilitatrice écoute activement, rebondit et crée des liens : “Ce que vous dites, François, fait écho à ce que Claire évoquait tout à l’heure sur la posture managériale. Vous partez du même constat ?“
On quitte le simple enchaînement de réponses pour entrer dans une conversation. Petit à petit, les échanges se croisent. Le public suit mieux, les intervenant·es se parlent vraiment. C’est souvent à ce moment-là que la table ronde devient vivante.
Ce format demande un peu plus d’écoute et d’aisance, mais il donne de la profondeur à l’échange.
3. L’improvisation maîtrisée
À ce niveau, la préparation est invisible mais essentielle. Tout paraît fluide, presque improvisé… mais en réalité, il y a beaucoup de préparation derrière. L’animateur.trice connaît ses invité·es, leurs sujets, leurs points de tension, leurs angles morts. Il ou elle peut se permettre de changer l’ordre prévu, de reformuler, voire de provoquer des croisements inattendus.
C’est un peu comme le jazz : ça paraît libre, mais c’est possible seulement parce qu’il y a une vraie maîtrise derrière.
Les ingrédients d’une table ronde réussie
- Avoir une trame sans la figer. L’idée c’est d’avoir des repères (pas un script précis). Le reste se jouera dans l’écoute
- Connaître ses invité·es. Identifier leurs forces, leurs angles, leurs sujets sensibles. C’est ce qui permet d’ajuster le rythme
- Gérer le temps de parole. Il y a toujours un bavard et un discret. Parfois, une simple relance vers la personne restée silencieuse suffit
- Varier les formats de questions. Certaines invitent à la réflexion, d’autres à la réaction. Introduire des interactions avec la salle, reformuler les idées. Alterner maintient le rythme
- Impliquer la salle. Un simple “qui partage cette expérience ?” change tout
Animer une table ronde, c’est créer un espace de conversation où les idées se répondent, où le public se sent inclus, où l’énergie circule. Quand tout s’aligne (les voix, les idées, les silences…) on se surprend à ne plus vraiment “animer” : juste à laisser la conversation se dérouler.
Commencez simple. Testez. Ajustez. Et petit à petit, vous trouverez votre propre style !
Et si on en discutait ?
Vous préparez une table ronde ou une journée de séminaire et vous cherchez une animation fluide, vivante et bien préparée ?
On peut vous aider à concevoir le format, briefer les intervenant·es et trouver le bon rythme pour votre événement.