Trouver l’équilibre entre cadre et spontanéité
Dans beaucoup de séminaires, la table ronde est une respiration au milieu d’un programme chargé : une parenthèse où les dirigeant.es, les managers et parfois les collaborateur·rices échangent sur les sujets qui comptent.
Mais entre les silences gênés, les interventions trop préparées ou les échanges qui tournent en boucle, le résultat n’est pas toujours à la hauteur.
Et pourtant, quand c’est bien animé, une table ronde peut devenir l’un des temps forts du séminaire, celui dont tout le monde reparle à la pause.
Pourquoi organiser une table ronde pendant un séminaire d’entreprise ?
Une table ronde réussie crée du lien. Elle permet à des profils différents de dialoguer autour d’un enjeu commun : un projet, une transformation, une culture d’entreprise. C’est aussi un moyen simple d’incarner les valeurs de l’organisation : écouter, confronter les points de vue, croiser les expériences. Elle offre au public une discussion vivante, plus incarnée qu’un discours descendant. On ne “présente” pas : on partage, on débat, on fait circuler l’énergie…
4 façons d’animer une table ronde
Quand j’accompagne des équipes ou que j’observe des tables rondes, j’ai repéré 4 manières de les animer. Elles ne sont pas “bonnes” ou “mauvaises” : elles traduisent simplement un niveau d’aisance et de préparation différent.
1. Le format linéaire
C’est le format le plus courant : une question, un tour de table, chacun s’exprime à son tour. C’est carré, personne n’est pris·e au dépourvu, mais on reste souvent à la surface. Le public a l’impression d’assister à une série de mini-monologues plutôt qu’à un échange. Ce format fonctionne quand les intervenant·es ne se connaissent pas encore ou qu’ils ont des points de vue très distincts.
En séminaire : ce format est utile en ouverture pour poser le décor, avant de basculer vers un format plus interactif.
2. Le format “tissé” pour créer de la résonance
Ici, l’animateur·rice écoute activement, rebondit et crée des liens : “Ce que vous dites, François, fait écho à ce que Claire évoquait tout à l’heure sur la posture managériale. Vous partez du même constat ?“
On quitte le simple enchaînement de réponses pour entrer dans une conversation. Petit à petit, les échanges se croisent. Le public suit mieux, les intervenant·es se parlent vraiment. C’est souvent à ce moment-là que la table ronde devient vivante.
Ce format demande un peu plus d’écoute et d’aisance, mais il donne de la profondeur à l’échange.
En séminaire : il est idéal pour montrer la diversité des points de vue (direction, terrain, RH…) tout en gardant une cohérence d’ensemble.
3. L’improvisation maîtrisée
À ce niveau, la préparation est invisible mais essentielle. Tout paraît fluide, presque improvisé… mais en réalité, il y a beaucoup de préparation derrière. L’animateur.trice connaît ses invité·es, leurs sujets, leurs points de tension, leurs angles morts. Il ou elle peut se permettre de changer l’ordre prévu, de reformuler, voire de provoquer des croisements inattendus.
C’est un peu comme le jazz : ça paraît libre, mais c’est possible seulement parce qu’il y a une vraie maîtrise derrière.
En séminaire : ce format est parfait pour donner l’impression d’un échange naturel tout en maintenant la clarté du message.
4. L’improvisation complète : à la frontière du journalisme
Ici, plus de trame visible, seulement une intention claire et une posture d’enquête. L’animateur·rice avance à l’instinct, en captant ce qui se joue sur le moment. Les questions naissent de ce qui vient d’être dit, les transitions se construisent à l’oral, et la conversation prend des directions imprévues, parfois brillantes, parfois risquées.
Cette approche demande une écoute très fine, une curiosité sincère et une solide expérience. On s’éloigne de la posture de facilitateur pour s’approcher de celle du journaliste ou du documentariste : chercher la matière vivante, sans tout contrôler.
En séminaire : ce format fonctionne très bien en clôture, quand on veut capter des échanges sincères, ancrés dans le vécu.
Les ingrédients d’une table ronde réussie
Les meilleurs échanges ne tiennent pas au hasard. Ils reposent sur une préparation légère mais réfléchie, et sur quelques réflexes simples le jour J.
- Avoir une trame sans la figer. L’idée c’est d’avoir des repères (pas un script précis). Le reste se jouera dans l’écoute
- Connaître ses invité·es. Identifier leurs forces, leurs angles, leurs sujets sensibles. C’est ce qui permet d’ajuster le rythme
- Gérer le temps de parole. Il y a toujours un bavard et un discret. Relancer l’un, canaliser l’autre, c’est déjà animer.
- Varier les formats de questions. Certaines invitent à la réflexion, d’autres à la réaction. Introduire des interactions avec la salle, reformuler les idées. Alterner maintient le rythme
- Impliquer la salle. Un simple “qui partage cette expérience ? Qui a déjà vécu ça ?” peut réanimer le public
- Savoir conclure sans couper. Reformuler les points clés, remercier, relier à la suite du séminaire
Et si ça déraille ou que le silence s’installe ?
C’est le lot de certaines tables rondes : un.e invité.e monopolise la parole, un autre s’égare, ou le silence s’installe. L’essentiel est de recadrer sans casser la dynamique. Voici une proposition de “phrases qui sauvent” :
- “Je vous propose de garder ce point pour tout à l’heure.”
- “Restons un instant sur ce que vient de dire Sophie, c’est intéressant.”
- “Je vous propose qu’on revienne à notre fil rouge avant d’ouvrir ce nouveau sujet”
- “On n’est pas obligé·es d’être d’accord, c’est aussi ça l’intérêt de cette table ronde”
Et si le silence dure, ce n’est pas forcément un problème, du moins il n’est pas toujours un vide à combler. Il arrive qu’après une prise de parole forte ou une idée qui fait écho à une expérience vécue par le public, les gens aient besoin de quelques secondes pour digérer, réfléchir, ressentir…
Avant le jour J
La fluidité, le jour J, vient rarement de l’improvisation totale. Un bon animateur ou une bonne animatrice prépare autant le fond que le cadre.
- Clarifier l’intention. Pourquoi cette table ronde ? Que doit-elle faire ressentir ou comprendre au public ?
- Briefer les intervenant·es. Le ton attendu, la durée, le rôle de chacun·e. Les rassurer sans les brider.
- Soigner le dispositif. La disposition des sièges, le son, la lumière… Une salle en demi-cercle et des micros sans fil changent l’expérience.
Une table ronde réussie, c’est un moment où les gens oublient qu’ils sont sur scène. Où l’entreprise se parle à elle-même, avec ses doutes, ses visions et ses envies. Ce n’est ni une conférence, ni une discussion de couloir, mais un espace vivant, où l’intelligence collective se met en mouvement.
Et si on en discutait ?
Vous préparez une table ronde ou un séminaire et vous cherchez une animation fluide, vivante et bien préparée ?
On peut vous aider à concevoir le format, briefer les intervenant·es et trouver le bon rythme pour votre événement.