Dans les coulisses d’un scribing engagé
- Publié par Emmanuelle
- le
- Thématique : Facilitation graphique
Nouveauté : cet article peut aussi s’écouter
Pour ce partage d’expérience un peu particulier, nous avons choisi de tester un nouveau format : un échange enregistré en format audio, comme un podcast maison. Romain, qui a réalisé cette prestation de scribing, revient sur ce qu’il a vécu. Vous pouvez lire… ou écouter. À vous de choisir.
1. On vous en dit plus sur le contexte
Le Secours Catholique anime depuis plusieurs années des réseaux d’acteurs engagés sur le terrain, notamment à travers le programme Agroécologie au Sahel. Leur objectif est de favoriser le partage d’expériences concrètes entre pays, autour de pratiques agricoles durables, de plaidoyers citoyens et d’enjeux territoriaux.
Dans ce cadre, ils organisent régulièrement des webinaires internationaux. Le cycle de webinaire sur lequel nous sommes intervenus, réunissait des intervenant.es venu.es du Bénin, du Niger, du Togo, du Sénégal, mais aussi d’Inde, de Colombie ou du Brésil. Un événement à la fois très technique (gestion de l’eau, pratiques d’irrigation, bassins versants…) et profondément humain (rôle des femmes, autonomie des paysans, dynamique collective…).
C’est dans ce contexte que Romain a été sollicité pour réaliser une synthèse visuelle en direct, aussi appelée scribing. Un défi d’écoute et d’adaptation, que nous avons eu envie de vous partager.
2. Se préparer sans tout savoir
Quand on prépare une mission de scribing, on n’a pas toujours accès aux présentations à l’avance. Les contenus changent, les intervenant.es ne sont pas toujours à l’aise avec le format, et parfois, tout se joue la veille.
Mon objectif n’est pas de tout anticiper, mais de m’imprégner. Comprendre à quel niveau on parle du sujet, capter le vocabulaire, repérer les mots-clés et commencer à construire une bibliothèque visuelle.
Dans cette mission, l’enjeu était de comprendre à quel niveau on allait aborder la gestion de l’eau : plutôt stratégique, technique, politique ? Selon le cas, on ne dessine pas les mêmes choses. On ne propose pas les mêmes métaphores.
3. Le jour J : dessiner en direct
Le webinaire s’est déroulé en deux sessions, à un mois d’intervalle. Avec à chaque fois, des profils très variés : chercheur, agriculteur, ingénieure, facilitateur local… et autant de manières de raconter.
Il y a eu des interventions très différentes : un retour d’expérience sur les pratiques agroécologiques, une expérimentation technique autour du goutte-à-goutte, un plaidoyer politique… À chaque fois, il faut ajuster son approche : parfois en s’appuyant sur des éléments concrets à dessiner, parfois en cherchant une narration plus abstraite ou une structure visuelle qui fasse ressortir le message.
Le scribing, ici, ne cherche pas à tout représenter. Il cherche à ancrer des idées fortes, à proposer une respiration visuelle à la fin de chaque intervention, à donner à voir les liens, même lorsque les slides sont absents.
4. Improviser avec justesse
Et puis, il y a eu les imprévus. Comme cette fois où un intervenant n’a pas pu se connecter. L’équipe a alors marqué une pause, et Idrisa, qui était là en tant qu’organisateur, a improvisé une intervention.
Il a présenté sans slides, de manière orale, directe. Et pour moi, c’était un moment fort : j’ai pu lui redonner une trace visuelle qu’il n’avait pas prévue.
Dans ce type de contexte, où les connexions sont parfois instables, l’agilité ne concerne pas que la technique. Elle touche aussi à la qualité de présence des intervenants… et des facilitateurs.trices.
5. Ce qu’on ferait autrement demain
Avec le recul, que changerait-on si on devait refaire cette mission ?
Je chercherais plus tôt des symboliques visuelles fortes. Aujourd’hui, je commence à mieux connaître les thématiques liées à l’agroécologie. Je sais repérer des métaphores qui peuvent structurer la planche dès le départ.
C’est là qu’intervient l’expérience : plus on intervient sur un sujet, plus on apprend à en capter les schémas systémiques, à reconnaître les répétitions utiles, à donner du poids visuel à ce qui compte vraiment.
Cette mission illustre ce que peut apporter la facilitation graphique dans des projets où l’humain, la complexité, et le collectif se croisent. Ce n’est pas juste un dessin en live, c’est une forme d’écoute graphique, au service de la transmission, du dialogue et du sens partagé.
Vous avez un projet de webinaire, de séminaire ou de conférence ?
Une synthèse visuelle en direct peut vous aider à clarifier, à structurer les échanges et à engager votre public.
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