De l’art de briser la glace : l’icebreaker pour construire des ponts, pas des murs

Lors de ma toute première expérience avec un icebreaker, je me trouvais devant une classe d’étudiant·e·s clairement non motivé·e·s. C’était mon baptême du feu dans l’univers de la facilitation et, franchement, je cherchais désespérément un moyen de capturer leur attention, de les réveiller. Je me suis lancé avec une activité simple, ludique, mais surtout, je voulais les voir s’énergiser, se connecter entre eux et avec moi. Ce fut mon premier pas dans un monde où je découvris que briser la glace n’était pas juste un jeu, mais un outil pédagogique parfait pour construire des relations et rendre l’atmosphère propice à l’apprentissage.

Un icebreaker, ou brise-glace en français, est une courte activité conçue pour aider les gens à se sentir plus à l’aise, à se connaître et à se préparer à travailler ensemble de manière plus efficace.

L'évolution de ma compréhension des icebreakers

Au fur et à mesure, ma compréhension de ce que sont réellement les icebreakers s’est affinée. Je me suis rendu compte que leur but allait au-delà du simple fait de “jouer”. Ils étaient là pour favoriser une ambiance détendue, pour permettre aux gens de s’ouvrir, de sortir de leur zone de confort sans se sentir jugés ou mal à l’aise. Ce qui m’a frappé, c’est la manière dont une activité courte et bien choisie pouvait transformer l’énergie d’un groupe. J’ai commencé à voir les icebreakers comme des ponts entre les individus, permettant de créer des liens là où il n’y en avait pas ou peu.

Comment choisir son icebreaker ?

Pour moi, le critère le plus important reste l’adéquation personnelle : est-ce que le icebreaker me plaît ? Si ce n’est pas le cas, il sera difficile de le transmettre avec toute mon énergie. De là, l’évaluation des préférences devient essentielle, tout comme l’expérience de l’icebreaker en tant que participant·e pour en saisir l’impact émotionnel et interactionnel. Au-delà des goûts personnels, voici d’autres éléments dont la considération est cruciale :
  • les personnes cibles : quels sont leurs intérêts ? Leur niveau de confort avec l’interaction ?
  • le contexte de l’icebreaker : quel sujet va suivre ? Quelle tonalité ?
  • l’objectif précis : introduire une thématique, dynamiser après une pause, ou simplement briser la glace
  • les conditions matérielles et spatiales : la place est-elle suffisante ? Que faut-il changer dans l’aménagement pour faire cet icebreaker ?
Un icebreaker réussi est celui qui, finalement, s’aligne harmonieusement avec :
  • l’animateur-trice
  • le groupe
  • l’objectif visé
  • et l’espace

Les erreurs que j'ai apprises à éviter

Une erreur que j’ai rapidement identifiée était de penser que tous les icebreakers fonctionneraient avec tous les groupes. Chaque groupe est unique, et ce qui fonctionne avec l’un peut ne pas avoir le même effet avec l’autre. Il m’a fallu apprendre à lire la salle, à sentir quand une activité ne prenait pas la direction espérée et à être prêt à ajuster le tir en conséquence. Une autre leçon importante a été de ne jamais sous-estimer l’importance de croire en ce que je faisais. L’énergie qu’on déploie et la conviction sont contagieuses. Si je n’étais pas convaincu de l’utilité de l’icebreaker, comment pourrais-je attendre des autres qu’ils et elles s’engagent pleinement ?

Mes icebreakers favoris

Au fil du temps, j’ai développé une sorte de top 3 de mes icebreakers préférés.

Le premier est “La météo du jour“. Alors oui les personnes les plus expérimentées le qualifient de “vu et revu”, mais j’aime son côté visuel et sa capacité à faire parler tout le monde. Il donne le ton de la session en me permettant de “prendre la température” du groupe de manière ludique et ouverte. Il a aussi l’avantage d’être rapidement actionnable quand on débute dans l’animation des icebreakers.

Ensuite, il y a “Constellation“, qui est idéal pour les groupes plus importants. Il encourage les mouvements et les discussions autour de points de vue partagés ou divergents, facilitant ainsi une forme d’unité dans la diversité.

Et enfin, “1,2,3“, un icebreaker que je trouve particulièrement drôle et qui demande une bonne dose de courage pour être animé. Il crée une dynamique d’équipe et une complicité instantanées entre les participant·e·s, ce qui est précieux pour la suite de la session.

Contenu d’accordéon

Il n’existe pas, à ma connaissance, de nomenclature officielle pour catégoriser les icebreakers. On pourrait cependant les organiser selon plusieurs critères, notamment leur objectif, le type d’activité, leur durée, et le niveau de connaissance préalable requis. Voici une proposition d’organisation par types d’icebreakers.

Par objectif

  • Introduction : icebreakers conçus pour aider les personnes à se présenter et à apprendre les un sur les autres de manière ludique et mémorable.
  • Stimulation : activités visant à encourager la créativité et la pensée divergente, préparant le terrain pour une session de brainstorming ou de résolution de problèmes
  • Énergisation : icebreakers utilisés pour dynamiser le groupe, particulièrement utile après une pause ou en début d’après-midi pour contrer la somnolence
  • Réflexion : conçus pour faciliter la discussion sur des sujets spécifiques, ces icebreakers aident à orienter l’esprit vers le thème de la réunion ou de l’atelier

Par type d’activité

  • Présentation : où chacun·e a l’occasion de parler de soi
  • Collaboration : encourageant le travail d’équipe pour atteindre un objectif commun
  • Réflexion : pour stimuler la pensée individuelle ou collective
  • Mouvement : utilisant l’activité physique pour booster l’énergie du groupe.

Par durée

  • Court : d’une durée de 5 à 10 minutes, LE format idéal pour des introductions rapides
  • Moyen : entre 10 et 20 minutes, permettant des interactions plus approfondies
  • Long : dépassant les 20 minutes, pour des activités plus complexes ou des groupes plus grands. À ne réserver que lorsque nous sommes en groupe pendant plusieurs jours

Par niveau de connaissance préalable

  • Simple : ne nécessitant aucune compétence ou connaissance particulière
  • Avancé : requérant une certaine expérience ou compréhension du sujet abordé

Comment je vois qu'un icebreaker a fonctionné ?

Pour moi, reconnaître qu’un icebreaker a fonctionné se voit dans les sourires, dans l’énergie qui circule dans la pièce, dans les échanges spontanés qui commencent à fleurir entre les participant·e·s. Lorsque je vois que les gens se sont ouverts, qu’ils sont plus à l’aise les uns avec les autres, je sais que nous avons franchi ensemble la première barrière vers un apprentissage et une collaboration efficaces.

L’animation d’un icebreaker va bien au-delà de la simple exécution d’une activité. Il s’agit de poser les fondations d’une expérience partagée, de construire un espace où l’apprentissage peut se faire de manière fluide. 

Les objections courantes

“C’est une perte de temps”
L’une des objections que je rencontre souvent est l’idée que les icebreakers sont une perte de temps. Il est essentiel de reconsidérer ce que signifie réellement investir du temps dans la création d’une ambiance détendue. Est-ce vraiment une perte de temps de faire sourire les gens, de détendre l’atmosphère, et d’encourager des échanges plus ouverts à travers un icebreaker ? Personnellement, je ne le pense pas. Il s’agit plutôt d’une différence fondamentale de perspective.

Pour celles et ceux qui sont convaincu·e·s que les icebreakers ne sont qu’une diversion, il peut sembler difficile de comprendre que ces moments ne sont pas destinés à “gagner” du temps au sens conventionnel. Leur objectif principal est de tisser des liens, de connecter les gens à un niveau plus humain et engagé. Si l’on considère que, suite à un icebreaker, un groupe est plus enclin à communiquer, à collaborer, et à aborder les sujets sérieux avec une ouverture d’esprit accrue, alors comment peut-on voir cela comme une perte de temps ?

“C’est gênant”
Je comprends que pour certain·e·s, se lancer dans une activité ludique avec des collègues ou des inconnu·e·s peut sembler gênant ou hors de leur zone de confort. C’est là que le choix et l’adaptation de l’icebreaker deviennent cruciaux. Un bon icebreaker est celui qui respecte les limites de chacun·e tout en encourageant doucement à s’ouvrir. Dans mes animations, j’accorde une attention particulière à choisir des activités qui invitent à la participation sans forcer la main. Et si jamais quelqu’un ne se sent pas à l’aise, je m’assure qu’il y ait toujours une option pour observer ou participer d’une manière qui lui convient.

“Pas adapté aux environnements sérieux”
Cette objection me fait souvent sourire. Qui a dit que les environnements professionnels ou sérieux doivent être austères et dénués de toute légèreté ? Introduire un icebreaker dans un cadre formel peut sembler contre-intuitif pour certain·e·s, mais c’est souvent là que son impact peut être le plus puissant. Les icebreakers, bien choisis, peuvent faciliter la transition vers les discussions sérieuses en créant un terrain commun et en abaissant les barrières invisibles qui peuvent entraver la communication.

Alors les icebreakers simple formalité sympathique pour égayer le démarrage d’une session ? Vous l’aurez compris ce n’est pas mon point de vue. Je suis fan de cet outil utilisé comme un levier pour tout animateur·trice, facilitateur·trice, ou manager souhaitant cultiver une dynamique de groupe. Au-delà de leur apparente simplicité, ces activités sont des instruments de précision dans l’art de la facilitation, capables de transformer l’atmosphère d’une pièce. En choisissant judicieusement parmi les différents types d’icebreakers, on peut non seulement briser la glace, mais aussi favoriser un environnement d’apprentissage et de collaboration.

Le succès d’une réunion, d’un atelier, ou d’une session de formation repose sur notre capacité à créer un espace où chaque personne se sent valorisée, connectée et prête à contribuer. Les icebreakers sont un des outils les plus efficaces à notre disposition pour atteindre cet objectif, mais leur véritable pouvoir réside dans la manière dont nous les adaptons et les personnalisons pour répondre aux besoins uniques de chaque groupe.

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Equipe

Les icebreakers comment ça marche ?


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